vendredi 10 décembre 2010

LE DERNIER BASTION QUI SAUTE


Jusqu’à présent, le FC Barcelone était le seul club européen à n’avoir pas cédé aux sirènes financières du sponsoring sur son maillot, l’Unicef y apparaissant gratuitement. Mais cela va changer avec la signature d’un contrat juteux avec la Qatar Foundation…

par Cédric Callier, le 10-12-2010


Les romantiques du ballon rond en seront pour leurs frais. Ceux qui affirmaient, contre vents et marées, que le football demeurait avant tout un sport et non un business ont vu disparaitre ce vendredi leur dernier argument. Le maillot du FC Barcelone, historiquement vierge de tout sponsor payant, ne le sera plus à partir de la saison prochaine. Le dogme de l’Immaculée conception catalane en matière de sponsoring n’a pas résisté aux sirènes qataries. Encore elles. Un symbole plus fort qu’il n’y parait, surtout une semaine après la décision du comité exécutif de la FIFA d’organiser la Coupe du Monde 2022 au Qatar. Un choix qui appelait d’ailleurs ce commentaire du sélectionneur tricolore, Laurent Blanc, dans les colonnes de L’Equipe : «Le choix du Qatar ? Une incohérence totale. Pour une raison : le climat. On oublie une chose qui n’a plus d’importance dans les choix : les conditions de jeu. Elles ne sont pas réunies pour avoir une belle Coupe du Monde. Alors on vous répond que l’on va climatiser les stades ? On vit dans un monde… On pense qu’avec l’argent on va tout acheter. Le sport pourrait faire abstraction de ça.»

33 millions par an
Le sport oui, mais le football visiblement non. Pourtant, Barcelone avait su préserver la beauté virginale de son maillot pendant tant d’années. Et même lorsqu’il cédait, en 2006, tout le monde félicitait le club blaugrana pour son initiative : laisser apparaître sur sa tunique le logo de l’Unicef pour zéro euro. Mieux même, c’était le Barça qui versait deux millions d’euros annuels à l’organisation internationale pour la protection de l’enfance. Un message fort, qui pouvait difficilement laisser insensible alors que d’autres faisaient monter les enchères entre sites de paris en ligne. Mais cette époque a donc vécu. Ce vendredi, les dirigeants catalans ont signé un partenariat avec la Qatar Foundation pour 33 millions d’euros sur cinq ans. Et qu’importe que ladite fondation soit à but non lucratif et qu’elle promeuve l’éducation, la recherche et le développement. Personne n’est dupe, à commencer par Sandro Rosell, le président du Barça qui, bien que conscient de toucher à un emblème majeur du club, se plie aux lois du marché. Autrement dit, pour pouvoir continuer à lutter dans la cour des transferts avec les Real Madrid, Milan AC, Chelsea et autres Manchester United, il fallait vendre cet espace publicitaire.

Quid de la réaction des socios ?
Et tant qu’à le vendre, autant le faire au meilleur prix puisque le Barça dépasse à cette occasion le précédent record, établi par Manchester United avec AON pour 23,5 millions d’euros annuel. Et petit plaisir supplémentaire, les dirigeants catalans mettent dix millions d’euros dans la vue à ceux du Real dans leur partenariat avec Bwin. Maintenant, les socios seront-ils sensibles aux lois du marché ? A coup sûr, cette décision ne devrait pas manquer de faire des remous et de provoquer une vague de contestation en Catalogne. Sauf que, comme dit précédemment, le romantisme est mort. Et si lors du prochain mercato, cet argent frais permet de faire venir un ou deux grands joueurs, pas sûr que les socios soient toujours là à se plaindre. Sans compter que, pour se donner bonne conscience, le partenariat avec l’Unicef devrait subsister. Comme une dernière lueur d’espoir ?

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