jeudi 3 février 2011

L'INTERVIEW DE LAURENT BLANC SUR SA SELECTION


La non-sélection de Patrice Evra a-t-elle un rapport avec la récente sortie médiatique de la ministre des Sports Chantal Jouanno ?
Laurent Blanc : Non. Mon choix s’est fait uniquement pour des raisons sportives. Je me suis déjà exprimé là-dessus. Elle a le droit d’avoir un avis. J’ai essayé de m’en expliquer avec elle, mais je ne suis pas arrivé à la joindre. Ce poste-là est certainement celui où il y a le plus de concurrence, avec des joueurs qui jouent dans des grands clubs. Un qui joue à Barcelone (Abidal), un à Arsenal (Clichy), un à Lyon (Cissokho), un à Valence (Mathieu), un à Bordeaux (Trémoulinas)… La porte n’est pas fermée, mais mon choix s’est fait aussi en tenant compte de la dernière prestation d’Abidal en équipe de France, qui a été très bonne.

N’avez-vous pas eu peur d’une réaction hostile du Stade de France à son égard si vous l’aviez sélectionné ?
Laurent Blanc : Non, encore une fois, ma réflexion n’a pas été réfléchie par rapport à des critères extérieurs, mais uniquement par des critères sportifs.

Pour en revenir aux propos de Chantal Jouanno, pensez-vous, comme elle l’a dit, que Patrice Evra a «sali» la France ?
Laurent Blanc : Il faut faire attention à ne pas avoir des avis trop marqués. Même la ministre s’est un peu adoucie depuis. Effectivement, ils ont eu un comportement indigne. Mais pas qu'Evra, les autres aussi. Maintenant, il y a eu des sanctions et elles ont été purgées. Tout ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est d’essayer de retenir la meilleure équipe possible. Ce serait bien que l’on puisse tourner la page.

Dans votre liste, certains joueurs, comme par exemple Yann M’Vila, traverse une période difficile avec leur club…
Laurent Blanc : M’Vila est un garçon de qualité, de grande qualité même. Et qui n’a que 20 ans. Mon rôle, ce n’est pas d’analyser les joueurs match après match, ça c’est aux entraîneurs de clubs de le faire. Moi ce que je vois, c’est qu’il a toujours été performant avec l’équipe de France. J’ai voulu donner quelques signes à des garçons qui sont un peu moins bien dans leur forme actuelle, mais qui sont importants pour le groupe.

Comme Loïc Rémy, Yoann Gourcuff et Alou Diarra ?
Laurent Blanc : Oui aussi. Loïc nous a sortis d’une grande difficulté contre la Roumanie. Il ne faut pas l’oublier. Yoann et Alou, ce sont deux joueurs que j’ai l’avantage de très bien connaître. A nous d’essayer de les remettre en confiance.

Avez-vous arrêté votre choix concernant l’identité du porteur du brassard de capitaine sachant qu’Alou Diarra a souvent hérité du rôle ces derniers temps ?
Laurent Blanc : Non . Jusqu’à la fin de la saison, il est très possible que d’autres joueurs porteront le brassard.

L’absence Dimitri Payet s’explique-t-elle par son récent bras de fer avec l’AS Saint-Etienne ?
Laurent Blanc : Non. Dimitri a intégré l’équipe de France en début de saison dans une période où il était très très bon. Depuis, lui aussi connaît des difficultés, notamment lors du dernier mercato. A un moment donné, je dois faire des choix dans des zones de jeu. Et dans cette zone, Menez est revenu en grande forme, Rémy peut aussi y évoluer. Je ne cautionne pas son attitude. J’avais dit la même chose pour Hatem (Ben Arfa). Je suis de ceux qui pensent qu’on peut toujours régler le problème autrement que par un bras de fer. Surtout à trois jours de la fin du mercato. Il ne s’est pas facilité les choses, mais ce n’est pas pour cette raison qu’il n’est pas sur la liste. A lui de retrouver la forme.

Un mot sur l’arrivée de Laurent Koscielny dans le groupe…
Laurent Blanc : Je suis avec attention sa saison comme celle d’Arsenal. Je trouve qu’il est en progrès constant. Il prend de plus en plus d’assurance. Sa qualité de relance me plait beaucoup. C’est un garçon intelligent, qui joue avec sa tête. J’aime beaucoup cela. Et en ce moment, il se découvre même des talents de buteur sur coups de pied arrêtés ce qui n’est pas négligeable. Il mérite de prendre la température du groupe France avec pourquoi pas, la possibilité de s’imposer définitivement dans le futur.

Qu’est-ce qui vous a poussé à rappeler Jérémy Menez ?
Laurent Blanc : La dernière fois, il avait subi un choix par rapport à un e zone de jeu. J’ai regardé plusieurs fois la Roma, il a été très bon. Il peut occuper pas mal de postes. C’est un garçon très intéressant et c’est logiquement qu’il retrouve la sélection.

Que pensez-vous de la forme actuelle de Karim Benzema au Real Madrid ?
Laurent Blanc : On était tous un peu inquiet de son temps de jeu depuis le début de saison. Maintenant, il en a un peu plus. Ses performances sont encourageantes, même si je pense qu’il est capable de faire beaucoup mieux. Il a des qualités exceptionnelles, il faut qu’il les mette en pratique. Il est sur le bon chemin. J’espère qu’il aura le temps de démontrer qu’il peut marquer des buts. Il en marque en ce moment, mais il peut en marquer plus.

Pourquoi privilégier des joueurs du championnat de France (Cabaye, Matuidi, M’Vila) plutôt que des garçons comme Lassana Diarra (Real Madrid) et Mathieu Flamini (Milan AC) qui évoluent dans les meilleurs clubs du monde ?
Laurent Blanc : Ce n’est pas un critère de choix de jouer dans un grand club étranger. Nous suivons Mathieu et Lassana, mais est-ce que ces joueurs-là sont meilleurs que ceux qui sont sur la liste. Pour l’instant, je ne le pense pas.

Pour finir, un mot sur votre prochain adversaire, le Brésil ?
Laurent Blanc : C’est un match de prestige. A mon sens, c’est une des deux meilleures équipes du monde. Ce sera difficile. Depuis le début, notre philosophie est de garder le ballon et on sait qu’eux aussi aiment ça et souvent quand ils l’ont, ils ne vous le rendent pas tout de suite… Ce match peut augmenter notre confiance individuelle et collective en prévision du match contre le Luxembourg au mois de mars qui sera très important. Se mesurer à ce qui se fait de mieux, c’est la meilleure façon de progresser. Ça va nous permettre de nous jauger.

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